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22 juin 2015 1 22 /06 /juin /2015 13:37

Nous allons en visite !

A Moscou, on a ouvert la porte d’une grande « kommounalka » dont les habitants ne sont pas les hommes mais les décennies de l’histoire russe. Chacune a sa pièce avec son intérieur typique.

Je ne connais pas l’auteur de l’idée mais l’exposition réalisée dans le Musée des arts décoratifs est presque géniale. C’est comme entrer en personne dans le passé.

On entre ?

Moscou, Musée des arts décoratifs

En tant qu’antichambre on a les logement des deux antipodes sociaux : du noble et du paysan. Au début du XXe, les premières constituaient 1,5 % de population du pays et possédaient environ un tiers de terre dans ses régions occidentales. Les deuxièmes comportaient plus de 77 % des Russes et produisaient plus de 25 % de récolte mondiale de blé. La noblesse avait encore du pouvoir mais plutôt formellement car elle n’avait plus d’argent. La paysannerie venait d’être libérée du servage (1861) mais restait la seule couche sociale auquel en Russie on infligeait la peine corporelle.

Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe

Un salon dans la maison d’une famille noble (Moscou, 1900) et une izba (un village près de la ville de Saratov, 1900). Ce samovar sur la table indique que la famille est relativement aisée: à l’époque cet ustensile coûtait cher. Il jouait un grand rôle dans la vie familiale et très souvent constituait une partie de la dote. Les marchands se mariaient avec l'argent, les paysan - avec le samovar. Bon, je blague.

 

Les izbas n’ont pas été toujours si modeste que ça. Pour être juste je mets les photos de celle qui appartenait à une famille des paysans riches.

Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe

Du point de vue démographique c’est la paysannerie qui a engendré les grands négociants et la classe ouvrière – les deux nouveaux « premiers rôles » du théâtre social russe.

Il n’y a pas de pièce des marchands dans l’exposition, c’est pourquoi je vous propose de jeter un coup d’oeil sur la maison Nosov, une famille de commerçants : clic

Quant aux ouvriers, on peut mettre son nez dans la pièce d’un employé de l’imprimerie:

Une chambre d’employé qualifié louée dans la maison d’un citadin (la ville de Nijni Novgorod, 1900). Les travailleurs non-spécialisés avaient les logis selon leur statut familial :

ceux qui ont été mariés partageaient avec les autres familles un logement ou une maisonnette ; les célibataires habitaient en casernes.

 

Voilà un nid commode de la révolution avec une vaste gamme de la littérature politique sur la table. Entre autres il y a les « Mémoires d’un révolutionnaire » de Pierre Kropotkine et « Comment le peuple travaillant peut se libérer » de Léon Tolstoï. Une citation de cette oeuvre me semble opportune : « lors de toutes les révolutions et tous les changements du gouvernement seulement les autorités changent : les uns remplacent les autres, l’état du peuple travaillant reste le même. » On verra si le comte a raison.

Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe

C’est une baraque pour les ouvriers construisant le Combinat métallurgique de Magnitogorsk. La décision sur le chantier a été prise en 1929 et vers l’automne du 1930 il y avait plus de 19 milles personnes qui travaillaient jour et nuit. En 1932 le premier haut fourneau a commencé à fonctionner.

Le coin rouge avec les livres et un drapeau d’équipe du travail sont les détails inévitables de l’époque. Entre autre c’était l’endroit où on faisait les devoir pour l'école – pendant le chantier, il arrivait aux ouvriers à apprendre à lire et à écrire, à entrer dans un métier ... à être frappé par la répression.

En même temps, au début des années 30, Moscou avait aussi un grand chantier. On édifiait les bâtiments où les nouveaux fonctionnaires pourraient vivre (clic) et travailler.

 

Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe

Le bâtiment à l’horloge – le narkomat des artères de transport (architecte : Ivan Fomine). L’édifice rouge – le narkomat de l’agriculture (architecte : Alexeï Chtchoussev), celui avec les colonnes – le narkomat de l’industrie légère (architecte : Le Corbusier).

Ce sont les sièges des institutions avec le nom étrange « narkomat ». Le « narkomat » est l’abrègement du « NARodni COMissariAT » - « le comissariat du peuple », l’organisme gouvernemental responsable de tel ou tel domaine. Les dirigeants de tous les « narkomats » organisaient Le Conseil des commissaires du peuple, le centre du pouvoir exécutif en URSS jusqu’à 1946.

La plupart de cabinets des fonctionnaires ont été assez modestes mais tout dépendait du poste, comme vous comprenez. Une exemple - le cabinet commémoratif de Mikhaïl Kalinine (Moscou, les années 30 et 40) qui n'a pas été parmi les narkoms mais président du Comité central exécutif de l'URSS. Dans les années 20 et 30, un nombre énorme de citoyens soviétiques lui envoyaient des lettres en demandant de l’aide dans des questions très diverses : de l’arrestation injuste jusqu’au placement ou à l’admission dans une école militaire. C’était un moyen efficace pour résoudre les problèmes.

En même temps Kalinine a signé les amendements du code de procédure pénale qui privaient les condamnés des droits à la cassation et à la rémission et qui installaient l’exécution de la peine capitale tout de suite après son annonce.

 

Enfin, la kommounalka qui n’est pas à présenter. L’exposition donne l’image de cette sorte d’appartement en Leningrad (Saint-Petersbourg) mais je mets ici seulement une pièce et un lien pour ceux qui veulent plonger au sujet : clic 

 

Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe
Chez les Russes du XXe

Vous voyez le poêle au centre de la pièce ? En russe on l’appelle « bourgeouika » - sans aucun doute le mot provient du français. Un manteau militaire à côté de la pendule montre que la guerre civile venait de terminer. Cependant une autre est déjà sur le seuil.

 

La suite : clic

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La publicité que vous voyez à côté n'a aucun rapport avec mes textes. Son apparition provient de la nouvelle politique d'over-blog.

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Basil_de_Moscou_3.jpgDescription: je suis russe, j'habite Moscou et c'est ma ville qui est le personnage principal de mon blog. J'aimerais vous présenter un tel Moscou qui n'est pas officiel.
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