Умом Россию не понять, Аршином общим не измерить: У ней особенная стать — В Россию можно только верить! | On ne peut pas comprendre la Russie par la raison, On ne peut pas la mesurer par une mesure générale – Elle a un caractere particulier, On ne peut que croire en elle! |
Aujourd’hui ces quatre lignes de Fiodor Tiouttchev ont leur anniversaire – 145 ans.
C’est une coïncidence sans doute mais il est difficile de trouver une meilleure fin pour cette semaine pendant laquelle on a eu :
- le scandale autour des législatives
- les manifestations de l’opposition qu’on appelle "asystème" contre le résultat de législatives
- les manifestations pro-pouvoirs pour soutenir le résultat de législatives
- la date mémorable – 20 ans de l’écroulement de l'Union soviétique
- la brevetage de certaines marques avec les mots “De Kremlin” dans leurs noms - la gestion des affaires du Président planifie une activité commerciale au marché des boissons
- le Jour de la Bonté qu’on a feté aujourd’hui dans un des parcs de la ville
- peut-être la plus grande manifestation autorisée ces 20 derniers ans – qui est aussi contre les résultats de législatives et passe aujourd'hui dans plusieurs villes du pays
La manifestation à Moscou avait 50-70 milles participants selon l'Internet. Elle a eu lieu sur la place Bolotnaya (la Place des marais), relativement près du parc où on célébraient la Bonté et pas loin de la célèbre Maison du quai.
J'aimerais vous montrer cet édifice et un petit musée consacré à la vie tragique de ses habitants de l’époque
soviétique.
Face à la cathédrale du Christ-Sauveur, sur l’autre bord du fleuve Moskova il y a un grand bâtiment gris d’acier-béton construit en 1931.
En 1918 le gouvernement des bolcheviks a transféré la capitale de Saint-Petersbourg à Moscou. Entre autre cela signifiait le déménagement de fonctionnaires d’une ville à l’autre. D’abord on les a installé dans les grands hôtels qui ont perdu leurs noms et qu'on a commencé à appeler « La maison du gouvernement №... » Puis on a décidé de construire une maison spéciale pour tous ces gens qui travaillaient pour le bien de la révolution de toutes leurs forces.
Musée de la Maison du quai: la maquette du bâtiment |
Cela devait être un vrai palais du futur, le principe du communisme incarné dans le domaine de logements : 12 étages, 24 entrées, 505 appartements avec le parquet en chêne et des fresques aux plafonds, avec les meubles en chêne fumé que les habitants avaient aux frais de l'Etat (la vaisselle et même le linge aussi si quelqu’un en avait besoin !), avec l’eau chaude fournie par la centrale thermique et les premiers téléphones personnels dans chaque appartement.
Musée de la Maison du quai: l'exposition |
Les pièces étaient grandes, seules les cuisines étaient petites. C’est parce que le complexe incluait aussi une cantine qui proposait aux habitants des plats. C'était gratis, pour profiter du service il ne fallait que présenter un ticket de rationnement. Si on ne voulait pas manger publiquement on pouvait apporter ses déjeuners et dîners chez soi grâce aux choses comme celle-ci dont le nom français je ne connais pas
C’était tout à fait une ville dans la ville ! Outre des appartements il y avait un cinéma, un grand magasin (à l’époque on disait « univermag » - « un magasin universel » ), une laverie, une salle de sport, un bureau de poste et une caisse d'épargne, une polyclinique et même une école maternelle qui se trouvait au 11e étage (c’est à dire au 10e si nous prenons le système français).
Sûrement, ce paradis n’était pas destiné aux gens « simples » mais aux fonctionnaires importants, aux grands écrivains et savants, aux vieux bolcheviks, aux héros de la Guerre civile en Russie et de la Guerre d’Espagne – bref à l'élite soviétique des années 30.
Musée de la Maison du quai: les uniformes soviétiques |
La plupart de ces gens n’avaient jamais eu un tel confort, pour eux et pour leurs familles la carte d'habitation dans cette maison était presque la carte d‘habitation au paradis communiste.
Il y avait sans doute l’envers de la médaille : les cours intérieures s’enfermaient pour la nuit, au sous-sol il y avait des chiens de garde et dans chaque entrée il y avait un portier armé... Les visiteurs devaient annoncer le but de leur visite et ne pouvaient pas emporter même un livre sans un billet écrit par l'habitant qui le leur avait donné. Mais tout cela n’était-il pas pour protéger les révolutionnaires les plus dévoués contre les ennemis de la révolution ?
Un an après leur installation dans ce « paradis » ses habitants ont appris qui étaient ces ennemis...
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