Pour le trouver, il faut descendre sous la terre et regarder les tableaux mosaïques du métro de Moscou - ceux de la station Novokouznetskaya.
Ces panneaux ont été faits à Saint-Petersbourg, plus précisément à Leningrad, en 1941-1942. C’était pendant le blocus que leur auteur, Vladimir Frolov, travaillait sur les couleurs joyeuses du ciel pacifique en émail. Il était seul, dans un atelier froid, sans pain et électricité. Il a eu 68 ans.
Son père a fondé le premier atelier privé qui produisait la mosaïque en Russie. Les oeuvres de cette entreprise décorent maintenant beaucoup de bâtiments à Saint-Petersbourg, y compris la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé.
Très vite l’atelier est devenu célèbre : les commandes venaient de tous les côtés de l’Empire russe et maintenant on peut voir les mosaïques des Frolovs en Estonie, Ukraine, Allemagne. Il y en a même en Argentine. Après la mort de son père, Vladimir Frolov est devenu le chef de l’entreprise et le plus grand spécialiste dans son domaine...
Les fleurs fantastiques de la maison Ryaboushinsky (maison Gorki) à Moscou sont apparues aussi grâce aux Frolovs |
En 1917 tout a changé : le nouveau pouvoir considérait la mosaïque comme un art religieux et l’a interdit. Pendant presque 10 ans Frolov avait un interdit professionnel et ne travaillait qu'en tant que restaurateur. De plus il a fondé un orchestre de joueurs de balalaïka.
C’est la mort de Lenine qui a corrigé un peu la situation : pour le mausolée il fallait les mosaïques et pour les mosaïques il fallait le plus grand artiste, Frolov. Grâce à la décoration funèbre l’art de mosaïste a été réhabilité et même admissible à l'un des plus grands projets soviétiques - celui du métro moscovite.
En 1937 Vladimir Frolov commence la création des panneaux de la station Mayakovskaya. Pour ce travail il déménage dans l’atelier mosaïque abandonné de l’Académie des beaux arts et le met en ordre. Là il a réalisé aussi les panneaux pour la station Novokouznetskaya. Il a terminé son travail en hiver 1942 et trouvé la possibilité de l’évacuer de la ville. Quelques jours après, il est mort. Il restait encore deux ans jusqu’au 27 janvier 1944, le jour de la levée du blocus.
Seulement en 2013 sur un des murs de la station Novokouznetskaya on a mis une plaque commémorative consacrée à Vladimir Frolov - avec son portrait
et le ciel alarmant de Leningrad en blocus.