Quand j’ai travaillé à la télé (il y a déjà 10 ans!), j’ai proposé à mon chef à faire une émission sur les dessins animés. Mais mon directeur m’a dit que nous ne trouverions pas des annonceurs et ne m’a pas donné sa permission. J’ai pris un autre thème pour mon émission... et j’en regrette jusqu’à présent. Parce que j’ai compris que le sujet sur dessins animés est plus vaste que mon chef a pensé. Il touche beaucoup d’autres côtés de la vie cinématographique, ce sujet-là...
Par exemple, l’histoire sur “camarade Tché” est devenue presqu’un thriller quand un des auteurs de Tchébourashka a déclaré ses droits d’auteur.
Il y a un bon mot grec qu’on utilise en russe contemporain: katavasïya (en grec – katabásion). En langage familier il signifie le chaos, la situation compliquée et stupide – c’est bien ce qu'était en Russie avec les droits d'auteur dans les années 1990. C’est parce que pendant l’époque soviétique il n’y avait pas cette notion: “les droits d’auteur”. Le créateur recevait les honoraires et puis les établissements d’État faisaient tout ce qu’ils voulaient avec son œuvre. C’est pourquoi Tchébourashka était présenté dans les noms ou sur les murs des écoles maternelles et des clubs d'enfant, dans les cartes postales et sur les comptoirs des magasins en qualité d'un jouet, en qualité d'un dessin dans le tube de la pâte dentifrice ou dans les enveloppes des bonbons – il y a beaucoup de tchébourashkas partout et tous étaient aimés.
En 1990 Édouard Ouspensky, l’auteur du livre sur ce personnage, a enregistré ses droits d’auteur et a commencé les procès contre l’utilisation de sa propriété. Avant tout il s’est adressé à la bonbonnerie “Krasniy Oktiabr” (“l’Octobre Rouge”) qui produisait les bonbons “Tchébourashka” depuis les années 1970. J’ai lu une interview où Ouspensky ainsi a raconté cette histoire: “D’abord, quand il n’y avait aucune loi sur les droits d’auteur, j’ai proposé à la bonbonnerie à cesser la production des bonbons “Tchèbourashka”. Ils m’ont dit que cela ne me regardait pas et qu’ils ne cesseront pas. J'ai écrit une lettre: s’ils ne cesseront pas, j’enverrai les bonbons au Israel pour l’expertise qui mettra sans doute en évidence les infractions dans leur composition. Et pour moi cela sera un prétexte pour commencer un jugement. Et encore j’ai écrit que je m’adresserai aux enfants de tout le pays avec la demande de n’acheter jamais des bonbons de la bonbonerie “Krasniy Oktiabr” parce que ses employés volent des idées d’autrui”.
Je ne sais pas si la bonbonerie a eu peur, mais les bonbons sont disparus.
Il y avait encore une bataille brutale: entre deux pères de Tchébourashka - entre son écrivain et son peintre.
Ils ne pouvaient pas diviser leur fils oreillard et ses “frères” – les autres personnages de dessins animés. Qui est le vrai auteur quand même? Je ne sais pas la résolution finale. Mais pendant ces “guerres” juridiques Tchébourshka restait pas seulement l’ami des enfants russes. Il est aussi devenu l’ami des enfants japonaises et le talisman d’équipe nationale de Russie pendant les Jeux Olympiques d’été (Athènes-2004 et Pékin-2008) et ceux-ci d’hiver (Turin, 2006). Il reste jusqu'au présent le héros des historiettes et des caricatures nombreuses. Il suffit de voir le mot “Tchébourator”, par exemple, qui a né après l’apparition du film “Terminator” :) Et voici une fantasie sur le sujet de "l'Ouvrier et la Kolkozienne"
En outre Tchébourashka a donné son nom à plusieurs objets pas infantiles, par exemple à un avion (modèle L-410 Turbolet) et un train (parce qu'il “figure” dans l’un des dessins animés sur Tchébourashka et ses amis). Un bouteille de 0,33 l s'appelle aussi "Tchébourashka" parce qu’avant des années 1990 il y avait la limonade “Tchébourashka” qu’on vendait dans les bouteilles de cette capacité.
Je peux dire que les Russes (et pas seulement les Russes!) aiment beaucoup ce personnage, les adultes ainsi que les enfants. Il est vraiment mignon et très bon - les qualités qui sont rares parmi les personnages de dessins animés contemporains...