Svyatki ! La Russie passe les Svyatki – les « jours saints » où, comme le folklore le dit, notre monde recommence. De 7 à 19 janvier (du Noel orthodoxe à l'Épiphanie) la vie renouvelle ses règles.
Et on festoie, on chante, on raconte les contes – pour que ce monde nouveau-né soit plus beau et heureux.
Et on demande le future – car à Svyatki, tous les temps sont percevables et les merveilles sortent sur les routes humaines.
miniature laquée de Palekh " Conte sur un brave garçon, sur les pommes rajeunissantes et sur l'eau vivifiante "
La nuit, les fleuves ne sont pas calmes : le frasil craque sur les trous de glace et les eaux noires laissent du fond une volée d’êtres aux yeux de braise ardente et aux pieds sans talons. Ce sont les shoulikouns, très petits démons qui n’ont d’accès au monde humain que pendant les Svyatki.
Ils portent les bonnets pointus de fer – pour casser la glace sur les fleuves, leur haleine est de feu et leurs vêtements bariolés semblent les étincelles que le vent rasant mélange avec la neige.
Prompts, turbulents, criards, les shoulikouns sellent leurs « coursiers »: une natte, une peau de taureau, une luge à un seul patin. Ils se hâtent vers les bords des fleuves, vers les carrefours blancs de neige, vers les haies des villages pour s’amuser. Les petits polissons effrayent les femmes et moquer des hommes en les embêtant et les attirant dans les congères. De plus, ils n'hésitent pas à voler les ustensiles de ménage et les jouets. Ainsi s’égayent-ils jusqu’à le 19 janvier où ils disparaissent car les prêtres bénissent l’eau des fleuves qui devient invivable pour tous les démons.
Les shoulikouns sont actives surtout la nuit de 13 à 14 janvier où on fête le Vieux Nouvel An en Russie. Plus ils sont nombreux, plus l’année sera pleine d’inquiétudes et d’ennuis. Pourtant ce n’est pas le pir.
On dit que le but des shoulikouns - attirer les enfants et les entraîner dans les trous de glace. Peut-être c’est leur façon de recrutement car ces êtres sont les âmes des enfants morts sans baptême, perdus ou maudits. Au moins c’est ainsi qu’on explique leur origine en Sibérie, leur pays natal.
Viennent les shoulikouns à Moscou ? En grande quantité !
Bon, je blague.
On ne se sont rencontré jamais et je ne peux pas conseiller leur aire moscovite aux touristes en folklore ;) Et pourtant cela ne m’étonnera pas si, à Svyatki, tard le soir, je découvre les petites pistes sans talons près d’un trou de glace sur la Moscova.
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