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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 15:03

En russe parlé, « une peste » (чума́, tchouma) peut signifier

quelque chose incroyable, très étonnante – et pas obligatoirement négative.

 

Outre les interprétations économiques, politiques, officielles et non-officielles, la réalité russe pandémique vient d'obtenir celle en style du théâtre de rue. Plutôt en style du « cinéma de rue » car c’est une série récyclant les actualités d’une manière – disons - légèrement rabelaisienne.

De quoi s’agit il

Nous sommes dans une ville occidentale du Moyen Age parfois ménacée des Petchenègues. En réalité, cette tribu nomade cotoyait jadis les slaves avec tous les conséquences d’un voisinage trop proche. Il y a deux mois, le président russe les a mentionnés en tant que fléaux comparable à la pandémie. La ville la connaît aussi – ses portes sont fermées pour « deux semaines de quarantaine » depuis déjà plus d’un an. Naturellement, ce confinement rend les citadins presque confits.

Les personnages

En fait, le confinement « médieval » ressemble d'une façon suspecte à celui de Moscou de nos jours.

Les masques de protection et les gants latex font une partie des vetêments, même pour les Pétchénegues.

Les gardes doutent du caractère dangereux de la maladie («Selon la statistique, 90 pour cent meurent de la peste, tandis que 99 pour cent meurent des raids des nomades. Voilà de quoi faut-il avoir peur ! ») et de la quantité de malades.

Pour quitter la ville il faut un passe en forme du code QR – c’est le bourreau qui le poinçonne mais, faute de demande, il gagne sa vie en soignant les ongles des blogueuses « médiévalles ».

Celles-ci font des battles ou discutent les « thèmes actuels » - de la violence domestique jusqu’à comment repulper ses lèvres (« ceux qui veulent essayer : n’oubliez pas à apporter une ruche !»).

Le seul soutien du ministère des Finances consiste en « ne pas compter les plaisirs solitaires pour un péché mortel » ce qui provoque des protestations virtuelles « à la médievale » – les citadins laissent « leur mécontentemen » sous les fenêtres du pouvoir ...

« Qu'est-ce que c'est ? »  - « Une manifestation virtuelle : les gens sont absents mais leur mécontentement est là ... Et là aussi. Et encore là-bas. »

« Qu'est-ce que c'est ? » - « Une manifestation virtuelle : les gens sont absents mais leur mécontentement est là ... Et là aussi. Et encore là-bas. »

Le pouvoir

Qui est-ce ? Les gardes mentionnent une certaine « première personne » qui « n’est jamais malade » et quelques « deuxièmes personnes » mais le seul dirigeant visible est la tête de la ville, un baron. Le confinement l’ennuie par les questions ardentes réçues au cours des téléconférences. (« - Pourquoi on se communique par cette fenêtre ? – Les téléconférences protègent contre l'infection ».  « Vous avez promis à inventer comment surmonter la famine. » - « C'est simple comme fumier : cet été, il faut récolter trois fois au lieu d’une seule. Au travail ! Tu sais où est la pelle. »)

Ce qui met le baron dans des beaux draps c’est sa famille : d’une part, sa fille célibataire de presque 30 ans, d’autre part, sa femme d’environ 8 ans (un mariage de raison). L’une veut se marier coûte que coûte, l’autre tantôt parle au baron comme sa petite conscience (« - Ecoute ! le peuple est mécontent ! Les gens disent, qu’ils n’ont plus d’argent à cause de la peste. – Ah bon ? il faut faire le point sur ... d’où ils l’avaient avant ! ») tantôt fait des piquets solitaires comme une Greta Thunberg locale.

Il n’est pas la peine à dire que l’absurdité de la situation augmente d’épisode en épisode.

La réaction

Les critiques n'ont pas tardé à pointer les défauts de cette « Peste » : l'absence du sujet, les décors et les blagues mal faits, le jeu mauvais des comédiens ...
Pour le sujet : il y en a un quand même – l’histoire tourne autour d’un messager qui cherche à quitter la ville pour retrouver sa fiancée mais la fille du baron amoureuse est un empêchement plus sérieux que la quarantaine.
C’est vrai que les décors ne sont pas fins et les blagues sont à court échéance – jusqu’à la fin du confinement mais cela correspond au style du théâtre de rue, parfois rude, toujours rapide et rigolo. Les spéctateurs sont plutôt bienveillants bien qu’il y ait quelques commentaires mécontents. Il est pourtant un peu tôt pour un bilan : la série est encore en production car le confinement est encore en action.
Moi, je n’y vois qu’un seul moment gênant - d’après l’annonce c’est la première saison. J’espère que c’est une blague.

Une semaine plus tard :
à mon regret, la qualité du film baisse d'un épisode à l'autre. En gros ce n'est pas «
une peste », plutôt « une petite grippe ». Dommage, le début a été prometteur ...

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La publicité que vous voyez à côté n'a aucun rapport avec mes textes. Son apparition provient de la nouvelle politique d'over-blog.

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Basil_de_Moscou_3.jpgDescription: je suis russe, j'habite Moscou et c'est ma ville qui est le personnage principal de mon blog. J'aimerais vous présenter un tel Moscou qui n'est pas officiel.
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