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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 13:36

Depuis quelques années Moscou a une insomnie culturelle : la nuit des théâtres succède à celle des musées, des bibliothèques, de la musique etc. Bien sûr, le cinématographe a sa place dans ces nocturnes comme l’art le plus apparenté à l’obscurité. Ses ténèbres deviennent plus claires dans la Nuit du cinéma et plus interactifs grâce aux conférences et aux master-classes des cinéastes ainsi qu'aux projections gratuites de nouveaux films russes et aux discussions sur les classiques. Les ciné-activités se tiennent partout dans la ville c’est pourquoi leur plein panoramique dépasse l’objectif de mon blog. Pourtant j’en ai fait quelques images arrêtées.

Nuit du cinéma russe : les images arrêtées

Première image arrêtée : à titre officiel

La Nuit du cinéma a lieu le soir du 27 août – un achèvement logique du Jour du cinéma russe. La date n’est pas prise du plafond mais il ne s’agit ni de la première projection en Russie ni du premier film russe. Le choix est fait pour une raison plus sérieuse voir étatique : le 27 août 1919, est apparu le décret sur la nationalisation des productions cinématographiques en URSS. Ainsi le cinéma a été à la fois reconnu pour une industrie importante et bridé par le pouvoir. C'est à dire : le financement régulier mais les sujets dictés par l’Etat. Ce duo a produit entre autre tout un chapelet de films sur Lénine mais son fruit le plus connu est bien sûr « Le Cuirassé Potiomkine ».

Nuit du cinéma russe : les images arrêtées
Nuit du cinéma russe : les images arrêtées

Il est intéressant qu’en Russie « Le Cuirassé Potiomkine » est connu avec un autre accompagnement musical qu’à l’étranger. Les spectateurs russes sont habitués à le rimer avec Beethoven, puis avec Chostakovitch tandis que le monde entier le regardait à la musique d'Edmund Meisel écrite spécialement sur demande du realisateur Eisenstein.

A propos de la ciné-censure : son apparition en Russie a été provoquée par les films qu’on nommait « du genre parisien » en sous-entendant leur contenu trop indiscret. Le cinéma de cette sorte a été interdit par le gouverneur de Moscou en 1908 et c’est la première intervention étatique dans la vie cinématographique russe :)

 

Deuxième image arrêtée : URSS en 3D / 3D en URSS

Nuit du cinéma russe : les images arrêtées

C'est le bâtiment du Centre de recherches scientifiques sur le cinéma et la photographie – le NIKFI (НИКФИ) si on prend l’abréviation russe. C’est là où j’ai passé la Nuit du cinéma cette fois : on promettait les films des Lumières mais finalement les spécialistes du Centre nous ont offert tant d’histoires qu’on en pourrait faire un long (très long !) métrage. Pas étonnant : depuis 1929, le NIKFI s’occupe des techniques en cinéma et aujourd’hui c’est une vraie boîte aux trésors et aux anecdotes. L’organisme travaille entre autre sur le stéréocinématographe, l’animation en 3D et la prise de vue macroscopique en 3D.
Selon les collaborateurs du NIKFI, les films stéréos existaient en Russie à partir de 1935 – cette année-là Serguei Ivanov a breveté le système du cinéma en 3D sans lunettes. La première projection en ce format s’est tenue à Moscou en fevrier 1941 – pas un bon moment pour le cinéma, même stéréo.

Nuit du cinéma russe : les images arrêtées

Cependant en 1943, on a filmé en 3D une fête de Nouvel An et en 1944 – un documentaire sur les alentours ruinés de Leningrad. Les deux sont perdus, seulement la presse en a gardé une mémoire. Le journal Izvestia de 9 septembre 1944 écrit à propos : « Les poutres des constructions en fer des palais pendent de l’écran dans la salle, les cimes des arbres brûlés se balancent tristement au-dessus de nos têtes ; les transmissionistes récupérant les lignes tirent le fil rompu directement ... de la salle » (du livre du Nikolaï Mayorov « Les pionniers du cinéma »).
Dans les années 60, l’équipe du NIKFI réalise le « Stereo-70 », un système du tournage et de la projection en 3D à lunettes. Le premier dessin animé en volume est apparu grâce à cette invention – et il s’appelle « Le Souvenir » (1977), pas la « Coraline » (2009), quel que soit l’avis de Wikipedia. Pourtant ce qui m’a frappée le plus c’est qu’en 1976 le NIKFI a présenté le cinéma holographique. Le système existe aujourd’hui – modernisé pour l’époque numérique, accompagné par le projet d’une salle des projections holographiques et ... inconu. Triste !!!

 

Troisième image arrêtée : le rétour au début

C’est ce que NIKFI a proposé au cours de la Nuit du cinéma : les premiers films et avant tout ceux des Lumière accompagnés par la voix vivante d’une pianola.

Nuit du cinéma russe : les images arrêtées
Nuit du cinéma russe : les images arrêtées

L’instrument du début du XXe, récemment réparé par Alexander Zenine, jeune accordeur russe, organisateur du musée de la technique cinématographique. Après plus de 100 ans d’existence, le cinéma reste un art des enthousiastes.

Il y fallait ajouter les cadres du sacre de Nicolas II tourné en 1898 par Camille Cerf que les Lumière ont envoyé en Russie exactement pour cette mission. Le cinéma soviétique, à son tour, ne pourrait pas exister sans communication avec la société des frères. Comme le nouveau pouvoir savait produire les décrets mais pas la pellicule, il a passé un contrat avec cette entreprise française. Celle-ci devait faire le projet d'une usine en Russie, l’outiller et lui former les cadres russes. Que dire ? Cinéastes de tous les pays, unissez-vous ! surtout avec les spectateurs ;)

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Basil_de_Moscou_3.jpgDescription: je suis russe, j'habite Moscou et c'est ma ville qui est le personnage principal de mon blog. J'aimerais vous présenter un tel Moscou qui n'est pas officiel.
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